Qui sera la prochaine victime ou qui prendra la relève ?

Aucun droit n’est jamais acquis, il faut une lutte continue pour imposer le respect de ses prérogatives pour ne pas subir à chaque fois les mêmes abus.

S’il y a une erreur qu’ont commise les Noirs, c’est de croire, avec le temps et les évolutions, que la lutte contre le racisme, l’apartheid, l’ostracisme et la discrimination raciale est révolue. Se complaisent-ils ainsi à protester à chaque injustice subie, sans penser à établir une base idéologique réelle et solide pour asseoir leur cause.

Aux États-Unis, Michael Brown, Trayvon Martin, Georges Floyd sont lâchement assassinés par des policiers racistes blancs : « Black Lives Matter ».
En France, Michel Zecler est violemment agressé par des policiers qui le traitaient de ‘‘Sale Nègre’’ : «Je suis Michel Zecler »
Aux États-Unis, Sandra Bland s’est suicidée après avoir été victime de la brutalité policière : « Say Her Name ».
En France, Adama Traoré est mort asphyxié après son arrestation injustifiée : «La vérité pour Adama ».
En Espagne, Vinicius Junior a subi des propos racistes de la part de supporteurs racistes en furie pendant un match : « Je suis Vinicius Junior».

Contrairement aux autres groupes marginalisés, minoritaires ou sous-représentés – qui sont parvenus à imposer le respect de leur intégrité et de leurs droits grâce à des luttes perpétuelles comme les femmes, les personnes LGBTQ – les Noirs attendent toujours d’être victimes pour faire entendre leur voix. Autrement dit, les mouvements défendant la cause noire sont toujours des réactions et non des initiatives réfléchies et programmées à long terme.

La grande illusion, c’est d’avoir laissé l’oppresseur leur faire accroire que la cause pour laquelle ils luttent leur est à jamais concédée ou d’avoir accepté le déni de leur identité, de leur histoire ou de leurs blessures, parce que l’oppresseur le leur propose sous prétexte de changement, de modernité ou de réparation historique.
Nombres d’intellectuels noirs se voient duper de la sorte par la pensée occidentale contemporaine qui choisit volontiers de cracher sur leur identité et sur leur mémoire en banissant des concepts-clés, comme le mot « Nègre », du discours social.

Frantz Fanon a peut-être identifié cette faiblesse chez les Noirs en disant: « Nous ne sommes rien sur terre, si nous ne sommes pas d’abord l’esclave d’une cause, celle des peuples et celle de la justice et de la liberté. »

Ce n’est pas avec les contestations brèves et émotives contre les violences racistes récurrentes que la ségrégation va faiblir dans le monde, mais avec un mouvement continu prenant en compte l’émergence économique, spirituelle, intellectuelle, sociale des classes opprimées, qu’elles soient blanches, noires jaunes ou rouges, puisque le racisme est multiforme.

Jean-Jacques Dessalines, Marcus Garvey, Antenor Firmin, Malcolm X, Harriet Tubman, Kwame Nkrumah, Claudia Jones, Thomas Sankara, Aimé Césaire et tant d’autres hommes et femmes ont essayé de poser les jalons pour l’émancipation des Noirs et le respect de leur dignité à travers le monde. Qui prendra aujourd’hui la relève et comment ?

Ce qui serait souhaitable c’est de voir l’humanité unie, sans cette question bestiale de compartimentage racial, de luttes pour l’émancipation, de combats pour le respect de l’intégrité, mais qui le veut vraiment, l’opprimé ou l’oppresseur ?

Elbeau Carlynx

Photos: Google

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